You thought I was dead (ndlr : or drunk ?), here I am to fly upon your head (Lee « Scratch » Perry), Gonna smash their brains, caus’ they ain’t go noffink in (Linton Kwesi Johnson)
Huit mois qu’il n’avait rien écrit Lédron, la faute au bug de l’an 2012; mais huit mois ça fait pas encore tout à fait un bébée… L’esclavage lui, est on ne peut plus toujours à la mode, de Tarantino à Spielberg, d’Abraham Lincoln à Django unchained… Et on vient tout juste de retrouver Richard III, en part king… Bonne année 2014 !
Hey happy people, this here is something « new », I know you’re gonna like it, so let me tell you what we’re gonna do (…) Funky, funky chicken, and the mashed potato, do the alligator (Soul almighty, The Wailers). C’est que j’aime pas les jours fériés, les commémorations tout ça tout ça, le 9, le 11; et puis le dimanche je m’ennuie. Et le « Fonds suédois de Saint-Barthélemie » alors ? Tout ce qui est en « ie » fume et tue, il n’y aurait guère que la folie ? Alors c’est pour quand some more monie money en virement sur Aix-en-Provence ? Comment ça DGC ? 149 volumes sur 327 non microfilmés non accessibles… Et qu’est-ce qu’ils ont fait depuis, les « élus » ? Et qu’est-ce qu’ils font maintenant, les « élus » ? Come on, les « élus » ! Bet better move your but : I’m the small axe, ready to… sharpened to…
Vous avez dit… Alfred ? L’archéologie a été la pierre d’angle du dernier 10 mai en France; passionnant, foisonnant, conférez « Archéologie de l’esclavage colonial », colloque international organisé par l’Inrap, le Comité pour l’histoire et la mémoire de l’esclavage, le ministère de la Culture et de la Communication et le musée du quai Branly dans le cadre de la journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leur abolition, du 9 au 12 mai 2012, Théâtre Claude Lévi-Strauss, musée du quai Branly. Alfred ? Arawak ? Caraïbe ? Le seul et unique esclave en os de Saint-Barthélemy ? Son vrai nom, plutôt son prénom ? Né le ? Où ça ? De ? Mort le ? De ? Quel âge ? Propriétaire ? Maître ? Envoyons donc Alfred à Bordeaux, au Carbone 14 dans le 33.
Le Journal de Saint-Barth, encore lui, et leitmotiv de l’époque « Seul les faits sont réels » (Claude Bernard), et encore dans le 33, le numéro cette fois, du jeudi 13 février 1993, et ça en fait détroit, il titre : « Découverte d’un squelette de plus de 200 ans sur le site archéologique de Saint-Jean »; et Saint-Barth Magazine juste avant, mais lui c’est plus lui : Candie & la Chocolaterie carrément en couverture dernièrement numéro décembre… ça c’était couillu, du jamais encore vu en presse locale, bref… en février 1993, il titre aussi : « Alfred l’esclave ».
Reprenons… les faits, et les gestes qui sauvent : le vendredi 29 janvier 1993, messieurs Olivier Brin et Gilles Maincent (Entreprise Laplace Gilbert), à fond de tranchée pour canalisation St Jean aéroport, découvrent un squelette humain (qu’ils ont baptisé Alfred), alertent la police municipale, qui alerte réflexe le maire, et qui avec les responsables du Centre Culturel de Saint-Barthélemy (entité manifestement disparue depuis ?!) font appel à l’archéologue Gérard Richard de la région Guadeloupe, aujourd’hui conservateur territorial du patrimoine et chef du service du patrimoine culturel, de l’inventaire et de l’archéologie à la direction de la culture et de la formation artistique du Conseil régional de la Guadeloupe (ouf). Sur place, l’archéologue écarte l’hypothèse d’une sépulture amérindienne; le crâne emmené en Guadeloupe, analysé, expertisé, interprété, se révèle négroïde, un homme d’environ 25-30 ans, dentition complète et en excellent état, sépulture d’esclave datant d’environ 200-250 ans, donc né vers 1750, soit avant la période suédoise (et merde). « Après expertise, le squelette retrouvé sera reconstitué puis confié au Centre Culturel de Saint-Barthélemy, qui se chargera de sa conservation à l’Eco-Musée municipal »… là il est vrai il s’emballe un peu le JSB : vous avez déjà vu sourire Alfred vous, au musée territorial, chez Andrew Steinmetz ?
Le Saint-Barth Magazine est un peu plus éloquent : « Ç’aurait pu être la découverte du siècle, mais ce fut presque un ballon de baudruche qui a éclaté nous laissant dans le doute », sans blague ? Un ballon de baudruche Alfred ? Parce qu’aujourd’hui un indien vaudrait plus qu’un nègre pour un blanc, combien ? Et depuis quand ? Et surtout dans une île qui n’avait jamais connu l’esclavage, du moins en 1993; bref, il y aurait pépin. « Le squelette qui serait celui d’un esclave d’il y a 100-150 ans »… Ah, c’est qu’il a déjà gagné 100 ans Alfred et en un magazine. « Ici il s’agirait d’un enterrement isolé, comme c’était la coutume, pour l’ensevelissement des esclaves qui étaient inhumés un peu partout, presque sur place, au moment de leur mort » (ndlr : discutable). « C’était un adulte jeune. Son profil négroïde révèle qu’il serait de race » et là : « Bam ! », l’article il coupe, une erreur d’impression et pas d’erratum dans le numéro suivant; mais en même temps peut-être un moindre mal, son profil négroïde révèle qu’il serait de race quoi ? De race casse… ou tafari ? Abracadabra catch me if you can (Steel Pulse). Nicole Aussedat à Odessa nous aurait écrit ça, moi je n’y crois pas… Dans SBM n° 168 du lundi 17 mai 1999, Nicole, elle nous a même signé une « Brève histoire de l’esclavage à St-Barth », « Rien ne sert de se voiler la face, St-Barthélemy comme toutes les Antilles vécut aussi du labeur des esclaves noirs. Et cætera et cætera… » (merci Arlette); Lédée n’a jamais inventé la poudre, faut arrêter ça, strictly rum & coke… with lemon. It’s about time, don’t forget the lime.
Call me duppy conqueror, as you want, ghost catcher, sailing hurricane in Heineken cases… L’abus est dangereux parce que fume et tue, oui on se répète; alors il foire Richard, il fouille, il foire, il fouille histoire : mais où est donc passé Alfred ? Mister Fred is a dread who rides through town in a coffin, where is Mister Fred ? Where is Mister dread ? La parole à Mr Gérard Richard, courriels du 15 juin et 6 juillet 2011 : « une partie du squelette avait été emportée par l’engin de terrassement et il n’en restait que le crâne et la moitié supérieure droite. La position du corps, la forme du crâne laissait supposer qu’il ne s’agissait pas d’une sépulture amérindienne mais d’une sépulture isolée de période « historique » ou « coloniale ». Les ossements ont été déposés au musée municipal et j’ai conservé le crâne pour d’éventuelles études anthropologiques. J’ai profité de mon déplacement pour l’inauguration du musée de St Barthélémy dans le Wall house en 1995 en présence de M Henry Petit Jean Roget pour remettre officiellement les pièces archéologiques et le crâne aux autorités municipales de l’époque sans avoir fait procéder aux études anthropologiques. Cependant M Thomas Romon, Anthropologue à l’Institut National d’Archéologie Préventive demeurant en Guadeloupe me confirme qu’il a examiné ces ossements – dont le crâne – au cours d’une visite qu’il a faite à St Barthélémy il y a trois ou quatre ans. Il ne peut en tirer de conclusions par un simple examen visuel sauf que l’individu ne présente pas de déformations osseuses significatives qui seraient dues à des maladies telles que la tuberculose osseuse ou un travail physique pénible entrainant des déformations voire encore la malnutrition. Il conviendrait donc si nécessaire de transmettre un échantillon osseux à un laboratoire d’anthropologie spécialisé dans les analyses ADN. Si nécessaire je peux vous communiquer l’adresse de mon collègue du laboratoire d’anthropologie de Bordeaux avec lequel nous travaillons régulièrement. »
Et quel son de lambi à Saint-Barthélemy me direz-vous ? Aux dernières nouvelles, les restes d’Alfred se trouveraient toujours dans un carton de Heineken. Allons mon bon Nono, Mr Bruno Magras, en condition nécessaire et suffisante, laissons pisser Mérinos et dans le violon parler Kalinagos : je sais pas il est où Alfred, et vous connaissez mon penchant en spiritueux : je vais quand même pas me mettre à fouiller les caisses de Heineken ?! Mon capitaine, envoyez-nous donc les os à Talence, dans le 33, à Mr Patrice Courtaud, ingénieur unité mixte recherche CNRS PACEA « Anthropologie des Populations Passées et Présentes », p.courtaud@pacea.u-bordeaux1.fr, parce que je suis sûr qu’Alfred… c’est pas Alfred.
Richard A. Lédée, ou l’amiRAL du CLASH, Comité de Liaison et d’Application des Sources Historiques. Paris, 27 janvier; Gustavia, 6 février 2013.